Je suis à mon compte, pas solitaire.

Peut-on vraiment créer quelque chose de juste sans se comprendre d’abord ?

Pensées | le 15 octobre 2025

Je travaille avec des outils, des lignes, des blocs, des balises, mais ce n’est pas là que tout commence.
Un site, avant d’être une page ou un design, c’est une intention qu’il faut comprendre.
Et cette compréhension ne se décrète pas : elle se construit.
Parfois, on se cherche, on tâtonne, on reformule.
C’est normal. C’est même nécessaire.
Parce que quand la communication s’installe, le site devient plus vrai, plus juste.
Et dans ces moments-là, je me dis que ce métier vaut vraiment la peine.

On parle souvent de “freelance” comme d’un métier solitaire.
C’est vrai dans la forme, mais rarement dans le fond.
Derrière chaque projet, il y a un client, une équipe, une histoire, une idée à rendre concrète.
Et tout ce travail ne peut exister que s’il repose sur une écoute mutuelle.
Je ne crée pas un site “pour” quelqu’un, je le crée avec lui.
La nuance change tout.

Je ne cherche pas à traduire ce que le client dit.
J’essaie plutôt de comprendre ce qu’il veut dire, même quand les mots manquent.
Souvent, c’est en posant une question idiote que j’obtiens une vraie réponse.
Et parfois, c’est en répondant par une autre question que la discussion prend forme.
Peu à peu, un langage commun s’installe.
On finit par se comprendre sur l’essentiel, même sans utiliser les mêmes mots.
Ici, la créa commence à trouver sa direction.

Ce n’est pas toujours fluide.
Il y a des incompréhensions, des moments de doute, des visions qui s’entrechoquent.
Mais ces frottements-là font partie du processus.
Ils forcent à clarifier, à mieux définir, à réajuster.
Souvent, c’est à cet endroit précis que le projet prend de la profondeur.
Le client devient vraiment acteur, et le site commence à raconter quelque chose d’authentique.

Parce qu’un site authentique, on lui accorde sa confiance.
Quand il respire la sincérité, on le ressent tout de suite.
On ne sait pas toujours l’expliquer, mais tout semble à sa place : le ton, les mots, les images.
C’est ce qui donne envie d’y rester, de lire, de comprendre, de faire un pas de plus.
L’authenticité, ce n’est pas une couche qu’on ajoute à la fin ; c’est ce qui se dégage quand chaque décision a du sens.
Et ça, ça ne se simule pas.

Alors non, je n’ai pas la prétention de détenir les bonnes réponses.
Je cherche simplement à poser les bonnes questions.
À comprendre ce que le client veut dire, même quand il ne le dit pas encore clairement.
À trouver ce point d’équilibre où le site devient à la fois utile, cohérent, et fidèle à son intention.
Ce n’est pas spectaculaire, ni rapide.
Mais quand on y parvient, tout devient plus évident.
Et je crois que c’est ça, le plus gratifiant.

Travailler seul ne veut pas dire travailler en autarcie.
C’est même tout l’inverse : il faut être attentif, réceptif, disponible.
Un projet ne réussit jamais vraiment sans ce lien de confiance.
Et si j’aime autant ce métier, c’est parce qu’il me rappelle, chaque jour,
que derrière chaque ligne de code, il y a toujours une conversation.

Et si, finalement, la réussite d’un site ne dépendait pas tant de la manière dont on le construit,
que de la manière dont on s’est compris ?